vendredi 16 novembre 2007

Le mouvement Soka Gakkai face à la voie moderne de développement spirituel

par R.S.

La Soka Gakkai en bref
La Soka Gakkai est un « Nouveau Mouvement Religieux » (NMR) issu du bouddhisme dit « de Nichiren », datant du XIIIe siècle et dont les variantes sont aujourd’hui très nombreuses au Japon, son pays d’origine. À la suite de son leader Daisaku Ikeda ce mouvement fait la promotion de la paix mondiale et propose bonheur, guérisons et richesse par la récitation du mantra Namu Myo Hô Renge Kyo, tiré du Sutra du Lotus. Nichiren disait de ce sutra qu’il était le « joyau caché » du bouddhisme et qu’il contenait toute l’essence des enseignements du Bouddha, ces derniers ayant été selon lui dénaturés au cours des siècle et donc sans grande valeur opérative. On peut ainsi « faire sa révolution humaine » et atteindre la boddhéité ou « état de Bouddha » facilement et rapidement, sans avoir à attendre plusieurs vies. Malgré la controverse qui l’entoure, au Japon notamment, la Soka Gakkai Internationale (ou SGI) est le plus important NMR au monde, tant par ses ressources financières que par la masse de ses adeptes, comptant près de douze millions de membres répartis dans 190 pays, dont huit millions au Japon seulement. Sa fortune est estimée par les experts à plusieurs centaines de milliards de dollars. Un parti politique japonais très puissant a été fondé sous l’initiative de la SGI : le Komeito.

Pourquoi étudier un mouvement si controversé?
Bien plus qu’une critique adressée à la Soka Gakkai, cet article veut explorer la réalité sectaire afin de mieux cerner, par le biais de ce contre-exemple, ce que pourrait être une voie spirituelle authentique qui réponde aux nécessités modernes. Cette distinction sera réalisée non pas par un ensemble de reproches adressés à la foi mais plutôt par l’éloge de l’exercice rigoureux de la pensée libre comme voie de développement spirituel. Cela implique, d’une part, de reconnaître la logique sectaire et ses attraits, et, d’autre part, de comprendre en quoi on s’éloigne ainsi d’une démarche s’appuyant sur une conscience libre et claire, telle que celle proposée par l’anthroposophie. En raison de son cadre limité, cette analyse ne peut apporter toutes les nuances nécessaires pour se faire une idée juste et complète de la SGI . Il serait par exemple incorrect de supposer que tout adepte de la SGI subisse à un même degré les conséquences des tendances et erreurs décrites ici , erreurs qui incombent pour la plupart à ceux qui ont modifié puis propagé l’enseignement de Nichiren.

Le présent essai ne cherche pas à convaincre ou à juger mais invite plutôt à la réflexion, au questionnement de nos certitudes et de nos attitudes vis-à-vis la connaissance et la croyance, et nous y sommes tous conviés. Car même ceux qui s’engagent sur une voie qui se veut fondée sur la raison auront tôt ou tard à débusquer et questionner leurs certitudes, afin de mieux lutter contre cette tendance naturelle qu’a l’être humain de se berner lui-même, lorsque ce n’est pas tout simplement une instance extérieure qui tente de l’induire en erreur .

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Un grand malaise existentiel sévit de nos jours et plusieurs NMR profitent de cette situation pour attirer à eux ceux qui en souffrent ou qui désirent tout simplement redonner une dimension spirituelle à leur vie. De nombreux NMR, jouant sur les insatisfactions et les aspirations individuelles – des plus spirituelles aux plus matérielles – et empruntant aux stratégies de marketing peu scrupuleuses bien connues dans les sphères commerciale et politique, iront jusqu’à garantir l’efficacité immédiate de leurs méthodes. Tout NMR et toute religion officielle prétend pouvoir nous libérer de tous les maux de l’existence, chacun proposant une méthode qui lui est propre – même si dans les faits il s’agit souvent de variations peu originales d’un même procédé. C’est pour cette raison que quelques connaissances en psychologie, en philosophie et en sciences des religions se révèlent fort utiles pour prendre le recul nécessaire afin de poser les bonnes questions et ainsi mettre en perspective les affirmations d’un système idéologique ou d’un groupe spirituel. Une attitude ouverte mais circonspecte s’impose, surtout si ce groupe prétend être le seul à offrir une solution efficace, à détenir « l’Enseignement Authentique », etc. Notons que si le désir de propager « la bonne nouvelle » dans un élan de gratitude et de compassion est compréhensible, la chose devient assurément pernicieuse lorsqu’on brime, souvent sans s’en apercevoir, la liberté fondamentale de l’être humain en usant de manipulation émotive et cognitive. Et si la personne agissant ainsi venait à s’en rendre compte, elle pourrait toujours se dire que « la fin justifie les moyens ».

(pour lire la suite, procurez-vous la revue Le Seuil, disponible en kiosque prochainement)

1 commentaire:

Anonyme a dit...

J' ai lu 3 fois le sutra du Lotus mais j' y comprends rien. On peut télécharger le sutra du Lotus de Eugène Burnouf, mais les commentaires correspondent à des commentaires de commentaires. http://www.archive.org/details/MN40239ucmf_2 Les livres de Daisaku Ikeda et sur Nichiren Daishonin sont plus faciles à comprendre.